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La ronde des volcans (3/3): L’enfer soufré du Kawah Ijen

juin 27, 2011 By: Pepifleuf Category: Indonésie

Au crepuscule, a Pos-Patulding (au pied du Kawah Ijen)

Quelques 8h de jeep plus tard, entre routes correctes et chemins défoncés, nous voila a Pos Patulding au pied de notre dernier volcan Javanais, le Kawah Ijen. Peut-être en avez-vous entendu parler dans des émissions comme Ushuaia ou, un peu moins culturel, Pékin Express.

Le volcan Kawah Ijen n’est pas connu pour son altitude (quelques 2200m) mais plutôt pour son magnifique lac émeraude ou turquoise, selon l’heure de la journée, et surtout son activité minière de soufre.
Le Kawah Ijen est une exploitation minière ou chaque jour depuis des centaines d’années des hommes, uniquement des hommes, extraits à la main des kgs de soufre qu’ils transportent ensuite sur le dos. 80kgs de soufre dans des paniers relies par un bâton de bois qu’ils portent sur une épaule.
Généralement les hommes effectuent 2 trajets dans une journée, soit environ 150kgs, la deuxième charge étant souvent inferieure a la première.
Nous sommes partis à la rencontre de ses hommes et de ce fameux volcan.
Lever a 3h du matin, (ouach ! ca fait tôt, on ne s’est pas encore vraiment remis de notre excursion du Semeru) nous attaquons la montée dans la froideur de la nuit, brrr. Tout de suite nous rejoignons un porteur qui, en simple tee-shirt, entreprend sa première ascension de la journée.
Ca grimpe fort, mais a la lumière de la frontale on ne s’en aperçoit pas tant que ca. Psychologiquement c’est ce qu’il y a de bon a randonner de nuit (mais c’est bien la seule raison !)

Au clair de la lune ….

Nous ne savons pas vraiment les paysages que nous traversons lors de ces 1h15 d’ascension (3 kms), mis a part la vue lointaine de l’ombre du volcan voisin éclairé par la pleine lune.

Nous arrivons au bord du cratère alors qu’il fait encore nuit et entreprenons la 1/2h de descente jusqu’au lac et la mine de soufre. Nous ne voyons rien, mais l’odeur de soufre est bien présente, nous sommes obligés de porter un masque. Les porteurs, eux, se contentent d’un bout de leur sarong (sorte de paréo très porté ici)
Le soufre chaud sort par des tuyaux et comme il fait encore nuit, ce sont des flammes bleues que nous voyons sortir des flancs du cratère.

 

Les flammes de soufre sont bleues avant l’aube

Et puis tout doucement l’aurore pointe son nez et nous commençons à voir le spectacle : la mine, pas immense, est enfoui sous des voluptés soufrées ou les hommes profitent que le vent fasse tourner la fumée pour aller casser à l’aide d’un pic des morceaux de soufre. Quelques secondes à peine et le nuage de soufre se rabat sur eux, faisant s’éloigner les hommes toussant, aux yeux rougis et larmoyants.

 

Vue générale de la mine

Extraction du soufre

Mineur de soufre chargé de ses 2 paniers

Visages …

 

Nous nous sommes retrouvés dans ces nuages de soufre, on retient sa respiration, on ferme les yeux, et quand on a plus d’air, on tente une petite inspiration. L’air rentre dans les poumons mais il n’y a pas d’oxygène, on tousse et on part vite plus loin.
Nous restons fascinés par le travail de ces hommes et restons 3 bonnes heures à regarder leur labeur.

Remplissage des paniers

Bref repos

Extraction

Le chargement est pret

Et puis tout doucement avec l’arrivée du soleil (il fait un froid de canard) c’est tout le cratère qui se noie dans les nuages, il faut alors remonter au sommet du cratère.

 

La fumée couvre peu a peu le lac et le fond du cratère

Remontée du cratère

 

 

La lente remontée telle des fourmies

Le retour du volcan …

En fait les hommes préparent leurs 2 portées de soufre qu’ils montent au bord du cratère, avant d’entreprendre la descente successive des 2 paniers.
A mi chemin se trouve une première pesée, une seconde a lieu juste avant le déchargement dans le camion qui transportera le soufre jusqu’à la l’usine a une vingtaine de kms.

 

La pesée

Les hommes sont payé au kilo, 625 Rps/kg, soit environ 48 000Rps par portée, 4 euros. Une misère pour le travail et les conditions, mais c’est 2x mieux payé qu’un travail dans une culture de café qui se trouve pas loin, on reste maitre de ses horaires (les mineurs travaillent par exemple 2 semaines puis se reposent 1, ou travaillent 1 semaine et se reposent 3 jours…), et surtout ils sont sur de trouver du travail ici.

Nous redescendons le volcan en même temps que plusieurs mineurs qui avancent bien plus vite malgré leur chargement.
Pour rejoindre notre prochaine destination nous décidons d’emprunter le camion qui transporte le soufre, le même camion qui transporte aussi les mineurs jusqu’à la ville la plus proche.

Le camion redescendant le soufre. 4 trajets dans la journée

Dans le camion …

Nous y rencontrons Paing (prononcez « fine » a l’anglaise) qui rentre chez lui après seulement 1 aller-retour a la mine de 70kgs car il ressent encore les douleurs dorsales d’un récent accident de moto. Il nous invite à séjourner chez lui, dans son village.
Nous sommes crevés et ne rêvons que d’un bon lit douillet mais sommes également tentes, nous acceptons donc de passer 1 nuit.
Ce seront finalement 2 nuits que nous passerons chez Paing, et nous y serions peut être restes plus longtemps si nous n’avions pas une réservation pour les jours suivants.

Un petit village d’une centaine de maisons réparties autour d’une unique rue, des rizières a étages d’un vert magnifique bordées par d’immenses palmiers, pas un seul touriste, pas même un petit warung (resto local), nous sommes dans notre élément. Les enfants chahutent en rigolant devant nous, dans la maison ou nous logeons la porte est toujours ouverte et les voisins rentrent et sortent comme bon leur semble. On se parle d’une maison à l’autre, les murs ne sont pas épais.
On prend son bain dans la rivière, la même dans laquelle on fait la lessive avec l’eau jusqu’aux genoux. Et on achète notre café torréfié et moulu juste devant nos yeux.
Nous passons 2 jours déconnectés du temps ou Nini, la femme de Paing, nous apprend à faire des donuts (un comble d’apprendre une telle recette dans un trou paume comme cela !), et en échangent nous leur transmettons la recette de la pate a crêpes… avec lait concentre sucre SVP, nous sommes arrives a un résultat plus que satisfaisant et avons ravis nos hôtes, voisins et même le papy âgé !

Dans les alentours du Kawah Ijen

Paing devant « son » volcan, qui nous a invité chez lui

Le papy et son petit-enfant

Torréfaction du café et dégustation

Apprentissage de la pate a crepes

Et réalisation de donuts !

Nous sommes maintenant a Bali en compagnie de Delfe qui nous accompagne pour les derniers jours.
Nous devrions encore mettre le blog a jour avant …. ben avant quoi !

Pour illustrer cet article, voici une vidéo intéressante de France 5 sur le Kawah Ijen :

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Mise à jour pour infos pratiques :

Paing reçoit avec plaisir des touristes chez lui afin de faire découvrir son village. Si cette belle rencontre vous intéresse vous pouvez le retrouver sur son site internet.

Se rendre au Kawah Ijen:

Si vous êtes pressés, de nombreuses agences touristiques proposent de faire une excursion, transport – logement – guide compris, que ce soit de Bali ou de Yogyakarta à Java. Ceci n’est pas notre mode de voyage nous n’en parlerons donc pas plus que ça.
Si vous avez le temps, rendez-vous seul au volcan, les mineurs vous accompagnerons et serons heureux de vous montrer leur travail.

  • de Bali: Ferry jusque sur l’île de Java. De là il faut trouver un bémo ou un taxi-moto pour rejoindre Banyuwangi. Le moyen le plus fun consiste ensuite à prendre le camion de soufre qui mène directement au pied du volcan à Pos Patulding. Possibilité d’y loger (très rustique) pour faire l’ascension du volcan le lendemain matin.
    Ou prendre rendez-vous avec Paing sur son site internet.
  • de Java: se rendre à Bondowoso, puis à Sempol. Les guides indiquent quelques rares hôtels pour y dormir. Essayer de pousser jusqu’à Pos Patulding pour y passer la nuit, il y a quelques chambres très rudimentaires au pied du volcan. Ca permet de le gravir pour le lever de soleil avec un départ entre 3h et 3h30 à pied.